Récit fragmenté, conte musical du parcours de 3 personnages aux prises avec leurs émotions, Oratorio Vigilant Animal est une pièce en 3 portraits, imposant à chaque opus, une comédienne-performeuse accompagnée par un duo de musiciens sur scène. Oratorio Vigilant Animal traite des relations inter-individuelles. Au travers d’expériences limites comme la passion amoureuse, l’extrême solitude dans les grands ensembles ou encore la rupture de transmission entre générations, l’Oratorio pose la question de notre vigilance.
Dans l'OPUS 1, nous suivons l’histoire de Jay, un malfrat, incendiaire de voiture, à Marseille puis de retour dans sa banlieue natale. Par ses accents de roman noir, cet épisode révèle les mécanismes de la violence sociale et comment elle est, de fait, connectée avec la violence intime des passions. Quelque chose brûle, meurt, s’éteint puis renait de ses cendres.
Dans l’OPUS 2, nous suivons Pal, jeune homme désoeuvré habitant une banlieue indistincte d’où la vie semble s’être retirée. Pal survit en compagnie de Mélanie. Ils tentent d’échapper à l’ennui qui les dévorent. Cet opus évoque la vie d’un jeune homme qui s’isole et affronte un chaos intérieur sans retour. Pal, addict à Mélanie, n’entrevoit aucun futur sans elle. Pour s’en sortir, il commence à écrire ce qu’il voit et sent quand il marche dans la cité. La poésie qui émane alors de Pal trouvera t-elle une issue pour percer ?
Dans l’OPUS 3 (FINAL), on suit l’histoire de Gary Heffes, un écrivain à succès sur le retour. Depuis quelques temps, son corps le lâche, sujet à des chutes de tension brutales, il craint de n’avoir plus d’énergie pour écrire son prochain roman. Dans la banlieue où il s’est installé, Gary fait la connaissance de Pal, lequel tente de se faire apprécier et lui demande son aide… Gary Heffes est incapable de répondre aux sollicitations de Pal, en revanche, il saisit l’occasion de cette confrontation pour se raviver et regagner peu à peu la créativité qui lui faisait défaut.
Cet opus final, centré sur la figure de l’auteur en panne est en quelque sorte le pivot de ce triptyque, dans le sens où Gary a tous les aspects d’un auteur démiurge : c’est lui qui écrit l’histoire de Jay, un alter égo qu’il a inventé pour se guérir d’une blessure d’amour et d’égo. C’est encore Gary qui, accablé par sa fatigue, va voler à Pal sa moelle poétique. Dès lors, lorsque Jay entre à nouveau en scène, c’est pour mettre le feu à cette somme d’affects, de lâchetés et d’animalité qui les unit tous les trois. Ainsi ce troisième opus creuse la question du double, du faux semblant, de l’oeuvre d’art et son pouvoir cathartique.